Les Jardins de Métis sont un musée à ciel ouvert. Saviez-vous que certains végétaux ont près de 90 ans? Saviez-vous que la collection de pivoines d’Elsie comptait 42 espèces et cultivars? Saviez-vous que la culture du rosier a été un combat de longue haleine pour Elsie ? Saviez-vous qu’Elsie a tenté la culture du lys du Canada sans succès à plusieurs reprises? Saviez-vous que les Jardins de Métis sont les jardins les mieux documentés de l’Amérique du Nord? Nous sommes plus que jamais mieux outillés pour comprendre la collection horticole d’Elsie et ses intentions, et ces informations nous sont dévoilées grâce à un ambitieux projet de numérisation des collections et une équipe de travail tissée serrée.

La grande numérisation des collections

Les Jardins de Métis ont pour mission de mettre en valeur les collections qui témoignent de la vie des différents propriétaires du domaine. Fidèle à cette vision, l’équipe des Jardins de Métis se mobilise depuis plus d’une décennie à mettre en place une stratégie de numérisation pour permettre la diffusion, la transmission, la valorisation, le rayonnement et promouvoir les collections. Outre une collection constituée de plus de 4 700 artefacts, de 2,75 mètres linéaires de documents papier et de 14 800 photos, les Jardins possèdent une riche et unique collection horticole vivante d’environ 3 500 espèces et cultivars de végétaux.

Au-delà des principaux objectifs de conservation, le projet de numérisation des collections rendra ce patrimoine plus accessible auprès de divers publics. Il en accroîtra le rayonnement et fera connaître plus largement la contribution exemplaire d’Elsie Reford à l’histoire des femmes, de la région et de l’horticulture.

Le volet horticole

Comment numériser une collection horticole vivante, vieille de près de 100 ans? Première étape : s’assurer d’être à jour. Elsie Reford nous a laissé un grand mystère. Ses journaux de jardinages et ses carnets de commandes détaillent les plantes qu’elle a achetées et plantées cependant elle a aménagé ses jardins sur une période de 30 ans sans l’aide d’un plan ou utiliser d’étiquettes d’identification. Tout cela mis ensemble fait en sorte qu’il est difficile de faire correspondre l’inventaire de ce qu’elle a cultivé avec les plantes que l’on trouve aujourd’hui dans les jardins, plus de 60 ans après son départ.

Ce mélange d’archives et d’horticulture mobilise une équipe dévouée. De sa maison dans les Cantons-de-l’Est, la bénévole Judith Webster, dont nous avions déjà présenté le travail dans un précédent carnet, retranscrit les carnets de jardinage d’Elsie Reford, sous la supervision de Gisèle Villacorta-Murcia, archiviste des collections des Jardins de Métis. Par la suite, Patricia Gallant, l’horticultrice des Jardins de Métis, vérifie si Elsie Reford à planté les plantes figurant sur l’inventaire et, le cas échéant, s’il est possible de replanter la variété manquante.

Patricia Gallant et Gisèle Villacorta-Murcia se sont lancées dans l’inventaire de la collection horticole cet hiver. Photo : Charlotte Garneau

Ce travail méticuleux s’arrime à une grande mise à jour des informations sur nos collections de plantes dans la base de données BG-BASE, un outil développé pour les jardins botaniques par les Kew Gardens au Royaume-Uni et utilisé par les jardins du monde entier. Coordonné par Patricia, appuyée de la jardinière Rachel Weisnagel, un travail minutieux est en cours pour documenter chaque inventaire de plantes dans les jardins. Soulignons également la participation de Cédrick Paquet, natif d’Amqui et étudiant en Paysage et commercialisation en horticulture ornementale à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec à St-Hyacinthe et celle de Kassandra Reynolds, photographe.  

L’équipe a vérifié et validé les 1 511 noms qui étaient déjà existants dans BG-BASE.

Nous avons entré dans 1 763 nouvelles fiches d’accessions impliquant l’ajout de fournisseurs, de références et de vérifications des noms scientifiques pour chacune de ses entrées, ainsi que leur emplacement dans les jardins, lorsque connu.

J’ai vérifié 1 294 entrées des carnets d’Elsie sur Excel pour valider les noms scientifiques pour pouvoir les ajouter à BG-BASE lorsqu’on aura les informations complémentaires qui sont obligatoires pour pouvoir remplir les fiches d’accessions.

Patricia Gallant, horticultrice aux Jardins de Métis

Cédrick utilise le logiciel Autocad pour situer les végétaux géographiquement de manière très précise. Il dresse une cartographie de plates-bandes des Jardins de Métis, comme l’Allée royale.

Depuis l’âge de cinq ans, j’ai une réelle passion pour les fleurs. Je suis venu visiter les Jardins de Métis pour la première fois à cet âge. Cet été, j’ai pu constater la richesse des plantes exceptionnelles et incomparables des Jardins. J’ai inventorié et identifié en moyenne 120 nouvelles floraisons chaque semaine, avec l’aide précieuse de madame Gallant. Cela n’a pas été sans difficulté : les différents cultivars d’une même plante semblent parfois identiques; impossible de les identifier en l’absence de tout doute. Même si nous avons résolu plusieurs interrogations sur notre inventaire, l’inventorisation des collections n’est pas terminée. Les plans 2D que j’ai faits contribuent à concrétiser et à mieux visualiser l’ensemble des plates-bandes, ce qui donne une vue à vol d’oiseau des Jardins. Je suis émerveillé de comprendre certains concepts, comme les différentes combinaisons de couleurs et de textures. Chaque semaine, le portrait de chaque jardin se métamorphose. Toutes les semaines, le même jardin m’émerveille. J’ai énormément apprécié cette expérience très enrichissante qui m’aidera beaucoup à mieux comprendre le site.

Cédrick Paquet, étudiant en Paysage et commercialisation en horticulture ornementale (PCHO) à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), campus de Saint-Hyacinthe.

Cédrick Paquet au travail. Photos : Louise Pinault-Southam

Kassandra Reynolds au travail. Photos : Charlotte Garneau

Kassandra Reynolds a parachevé le travail de Cédrick et documenté le cycle des floraisons des plates-bandes. Armée de sa caméra et de son cahier de notes, elle a parcouru les Jardins durant tout l’été, souvent très tôt le matin. Kassandra a pris des milliers de photos. Le meilleur moyen de décrire son travail consiste donc à montrer une petite sélection de ses photographies préférées.

Une infime fraction des photographies de Kassandra, souvent tôt le matin.

C’est ainsi que nous avons pu tisser des liens entre les données actuelles et historiques cet été.  Nous avons réussi à identifier les plantes préservées dans les Jardins, à établir un calendrier de floraison et à procéder aux corrections nécessaires de la nomenclature dans la base de données.

Il nous reste à rendre cet inventaire numérique accessible à toutes, à tous.

À suivre…

Le projet reçoit l’aide financière du gouvernement du Canada par le biais du volet Accès numérique au patrimoine du programme d’aide aux musées.