Nous sommes à l’été 2021. Tout nouvellement employée aux Jardins de Métis, je suis invitée à une soirée de célébration de la fin du montage de l’exposition Robert W. Reford : photographe à la rencontre de l’Autre. C’est Marjelaine Sylvestre, alors archiviste des collections, qui m’a invité à venir discuter avec Véronique Dupuis, directrice des expositions, ainsi que nos partenaires en muséologie – Pierre Fauteux, déjà présenté dans un carnet précédent, et Philippe Denis, muséologue et historien de la mode – autour de pizzas de l’Atelier culinaire de Pierre-Olivier Ferry, sur la véranda de la villa Estevan. Par leur camaraderie, il est facile de comprendre qu’ils forment une équipe très soudée. J’écoute et j’apprends silencieusement en essayant de bâtir une ligne de temps dans ma tête – les projets et les idées antérieures, le présent, et ce qui s’en vient. Alexander pose alors une question à Philippe et Marjelaine :
–Planifiez-vous encore faire une exposition sur la mode dans les prochaines années ?
–Oui, en 2023 ! Répond automatiquement Philippe, qui semble avoir déjà l’exposition complète dans sa tête.
Marjelaine Sylvestre a commencé aux Jardins de Métis en tant que guide-interprète il y a presque dix ans. Au fil des années, elle est devenue technicienne aux archives, archiviste des collections, puis directrice du département muséal – en plus de porter les chapeaux d’assistance technique, gestionnaire de l’expérience client, photographe, ressources humaines… Marjelaine est toujours prête à se battre pour donner un milieu de travail sain et fonctionnel à ses collègues. Elle connaît par cœur tous les noms de la soixantaine d’employés des Jardins de Métis qui y travaillent pendant l’été. Cependant, le plus valorisant pour elle, c’est d’être à son bureau dans le Grand hall ou dans les salles d’expositions pour la mise en œuvre de ses projets, et de voir les visiteurs avec des étoiles dans les yeux. Il y a quatre ans, elle invitait Philippe Denis, chargé de cours en muséologie à l’UQAM, à venir jeter un coup d’œil à la collection des Amis des Jardins de Métis.


Marjelaine et ses projets – notamment la numérisation des collections
Je croyais que cela allait durer deux heures… La réalité est différente, après quatre heures, j’ouvrais encore des caisses de vêtements – des pièces d’exception, en raison de leur forme ou de leur matière qui apparaissaient au fur et à mesure que je découvrais la collection. Plusieurs correspondent à ce que nous voyons dans les ouvrages sur l’histoire de la mode.
L’exposition qui découle de cette rencontre quatre ans plus tôt explore l’influence des périodiques de mode sur la formation du goût et de la personnalité de la créatrice des Jardins de Métis, en plus d’être la seule opportunité pour le public de découvrir les éléments qui restent de sa garde-robe. Certains vêtements fragiles ne seront présentés qu’en cette occasion, avant d’être délicatement remis dans leur caisse. La mise en place d’En vogue. Elsie Reford et la mode a permis en effet de les étudier et d’émettre un triste constat : dès la fin de l’exposition, ces vêtements retourneront dormir dans la réserve muséale, d’où ils ne ressortiront plus.
Philippe Denis
Même durant l’année 2022, quand il y avait une bonne charge de travail à faire sur l’exposition Guides de pêche, Philippe et Marjelaine continuaient de se réserver un peu de temps pour celle de celle de 2023. La réalisation du livre Elsie Reford : 150 objets de passion avait permis à Philippe et Marjelaine de redécouvrir et mettre en scène certains vêtements favoris de la créatrice des Jardins de Métis, ainsi que de consolider certaines facettes logistiques des installations muséales à venir. Étant donné qu’une image vaut mille mots, je vous invite donc à vous imprégner de la beauté de cette exposition en vous offrant un aperçu via des photographies de l’arrière-scène.









Un musée à ciel ouvert est l’un des slogans que nous utilisons pour promouvoir les jardins. Les musées sont généralement construits pour et autour d’expositions, ce qui est moins le cas des jardins. Souvent, les jardins ne disposent d’aucun espace d’exposition, alors que nous en avons plusieurs. Les programmes et les espaces d’exposition des Jardins de Métis sont ce qui rend nos jardins si uniques. Nous disposons désormais d’une équipe chargée de donner vie aux expositions pour nos visiteurs et de les prêter à d’autres institutions. L’originalité d’En vogue réside dans la rareté des objets et leur fragilité, ce qui rend le travail de Philippe Denis et Marjelaine Sylvestre si actuel et passionnant. C’est votre seule et unique chance de voir cette collection unique exposée.
Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis